[CONF] Le monde fascinant des palmiers

Nous sommes habitués à penser les frontières comme quelque chose qui divise, quelque chose qui sépare mais elles peuvent aussi être un point de rencontre et de conflit, un lien, une transition.
De manière générale, nous les pensons comme un non-lieu mais les frontières peuvent être, le lieu, par excellence.

C’est l’histoire d’un enracinement qui raconte un exil silencieux. La narratrice remonte à la source pour rencontrer les fantômes qui ont suivi ses parents depuis leur départ d’Algérie, après la guerre de 62, jusqu’en Vendée, où elle est née.

En tant qu’écrivain, j’ai toujours été plus fasciné par les frontières entre les personnes que par les frontières entre les nations. Et pourtant, la vie en Israël – un endroit aux frontières indéfinies – brouille la limite entre les deux, pour moi comme pour mes protagonistes. Paradoxalement, les frontières sont ce qui relie les personnes et les nations.

Depuis longtemps, une chose me frappe à propos des frontières. Quand on en entend parler dans le débat public, c’est presque toujours de manière négative (…/…). On évoque beaucoup moins la frontière comme interface, comme membrane, un lieu où les humains se rencontrent et se mélangent, où se parlent plusieurs langues, où coexistent différentes façons de penser.

Sécurisez la frontière* ! grogne le conservateur, qui ne reconnaît pas sa propre métaphore : ce qu’il souhaite renforcer, c’est la frontière qui le sépare de la souffrance des étrangers. Qui sommes-nous les uns pour les autres ? Mon travail pose la question à la fois au personnage et au lecteur.

Une frontière est toujours une blessure, une douleur, un lieu de passage pour ceux qui veulent ou ne peuvent pas fuir. C’est le thème de notre temps et la géographie d’une tragédie aussi ancienne qu’universelle…

Pour moi, la frontière est par excellence le lieu de la rencontre, de l’échange, de la confrontation à l’altérité, à la différence, parfois dans le choc, dans la violence même parfois, mais en tout cas dans l’intensité.Pour moi, la frontière, c’est ce lieu là, fascinant pour cette raison.